REPONSE AU GENERAL MALEK
By : Joseph Mantoura

Le Liban vient de s’enrichir d’un saint homme de plus. Jamais notre palette de politiciens n’a compté de leader avec tant de dévotion et de négation de soi. L’élu, M. Fouad Malek s’est brutalement senti investi du devoir de sacrifice offrant son honneur sur l’autel de la patrie pour sauver l’âme des Forces Libanaises et celle de M. Samir Geagea et ce malgré eux. Il ne lui manquerait qu’une auréole et quelques stigmates pour le confondre avec le messie.

Le général Malek a récemment surpris plus d’un quant à ces propos tenus dans un quotidien local. Ce dernier avançait que le Dr Samir Geagea l’ayant pris en confiance aveugle l’a nommé chef plénipotentiel du parti des Forces Libanaises à la fin de la guerre civile et s’est refusé toute ingérence dans cet organisme. Il lui avait confié à l’époque la structuration et l’organisation du parti et par conséquent il est imparti au seul Général Malek la reprise des rennes du pouvoir dudit parti. Cette volte-face inopinée n’est pas sans contredire des déclarations antérieures et sous-entend d’autres visées que la simple renaissance désintéressée de l’amour du parti. Pour raviver la mémoire quelque peu déclinante du Général, il lui suffit de se reporter aux interrogatoires de la cour d’assise du 17 mars 1995 au cours desquels il affirmait devant ses juges que son rôle dans les Forces Libanaises se limitait à un simple figurant, voire amateur. Il n’avait droit de regard que sur ses tiroirs de bureau alors que toute la mécanique tournait autour d’un pivot centralisé par les Drs S. Geagea et Toufic Hindi. Il est allé même plus loin en avançant qu’il ne commandait que ses gardes du corps et qu’il était étranger à toutes les décisions importantes du parti qui ne lui revenaient que par l’intermédiaire des mass médias locales jusqu'à réduire sa propre responsabilité a des fonctions subalternes telle l’entraînement des recrues. Info ou intox, qu’a cela ne tienne. Toujours est-il que sa déposition maintes fois confirmée par lui-même lui valut la clémence du parquet judiciaire et l’acquittement conditionnel.

Sur ces données de base contradictoires, le Général, cherchant à se hisser subrepticement au commandement suprême des F.L., se lance actuellement dans une rhétorique pondant ici et là des pamphlets creux, archétype du langage stéréotypé et de la langue de bois usuels du discours politique en vogue au Liban. Il se hasarde jusqu'à intenter des procès en diffamation mettant en doute les propos rapportés par les avocats du Dr S. Geagea et qui condamnent l’auto intronisation du Général, sans avoir le courage d’affronter un face à face pour se l’entendre dire de vive voix.

La suite logique de tout ce processus en cours serait tout d’abord et comme par enchantement une néo-reconnaissance des F.L. par un décret quelconque avec pour chef le Général F. Malek évidemment et pour le seconder tout satellite gravitant en orbite serrée autour du pouvoir. Ensuite moult promesses électorales seront plus ou moins couronnées de quelques sièges parlementaires et plus si affinité ou servilité. Entre temps les réfractaires n’auront droit qu’à une prolongation du séjour en oubliette. Ainsi le pouvoir, riche de son expérience du dépeçage du parti Kataëb, reproduira le modèle au sein des F.L. rendant les 2 plus grands représentants des courants chrétiens opposants tout aussi impuissant l’un que l’autre minés par des guerres intestines inextricables. Au-delà le pouvoir pourra se targuer d’on ne peut plus démocratique sur la base d’une représentativité factice des plus loyalistes des opposants au cœur de ses rouages politiques.

Les «Zoopyres» ont fait le gros du lot des partis de l’opposition. Tous ont, à peu de chose près, excellé dans leur rôle hormis le Général, novice encore, qui fait piètre figure. Il n’a pu et ne pourra nous faire avaler la couleuvre. Si le dessein que chérit le Général est un poste clef dans l’état, plus efficace serait une autre méthode qui a fait recette chez les prétendants antérieurs : celle de jurer allégeance devant les grands de la cour l’échine courbée et genou à terre. Si par contre il brigue le « leadership » chrétien sous le couvert des F.L. et en remodelant les principes pour les aligner sur ceux du pouvoir, il serait absurde qu’il galvanise le peuple beaucoup plus que les copies originales en cours sur le marché politique local. L’état n’a pu occulter le symbole des F.L. et ne pourra mettre en place que le chef d’une enseigne qui ne cessera de renforcer le souvenir de Samir Geagea.
Beirut 19.7.01

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