Le Liban vient de senrichir dun saint homme de plus. Jamais notre palette de politiciens na compté de leader avec tant de dévotion et de négation de soi. Lélu, M. Fouad Malek sest brutalement senti investi du devoir de sacrifice offrant son honneur sur lautel de la patrie pour sauver lâme des Forces Libanaises et celle de M. Samir Geagea et ce malgré eux. Il ne lui manquerait quune auréole et quelques stigmates pour le confondre avec le messie.
Le général Malek a récemment surpris plus dun quant à ces propos tenus dans un quotidien local. Ce dernier avançait que le Dr Samir Geagea layant pris en confiance aveugle la nommé chef plénipotentiel du parti des Forces Libanaises à la fin de la guerre civile et sest refusé toute ingérence dans cet organisme. Il lui avait confié à lépoque la structuration et lorganisation du parti et par conséquent il est imparti au seul Général Malek la reprise des rennes du pouvoir dudit parti. Cette volte-face inopinée nest pas sans contredire des déclarations antérieures et sous-entend dautres visées que la simple renaissance désintéressée de lamour du parti. Pour raviver la mémoire quelque peu déclinante du Général, il lui suffit de se reporter aux interrogatoires de la cour dassise du 17 mars 1995 au cours desquels il affirmait devant ses juges que son rôle dans les Forces Libanaises se limitait à un simple figurant, voire amateur. Il navait droit de regard que sur ses tiroirs de bureau alors que toute la mécanique tournait autour dun pivot centralisé par les Drs S. Geagea et Toufic Hindi. Il est allé même plus loin en avançant quil ne commandait que ses gardes du corps et quil était étranger à toutes les décisions importantes du parti qui ne lui revenaient que par lintermédiaire des mass médias locales jusqu'à réduire sa propre responsabilité a des fonctions subalternes telle lentraînement des recrues. Info ou intox, qua cela ne tienne. Toujours est-il que sa déposition maintes fois confirmée par lui-même lui valut la clémence du parquet judiciaire et lacquittement conditionnel.
Sur ces données de base contradictoires, le Général, cherchant à se hisser subrepticement au commandement suprême des F.L., se lance actuellement dans une rhétorique pondant ici et là des pamphlets creux, archétype du langage stéréotypé et de la langue de bois usuels du discours politique en vogue au Liban. Il se hasarde jusqu'à intenter des procès en diffamation mettant en doute les propos rapportés par les avocats du Dr S. Geagea et qui condamnent lauto intronisation du Général, sans avoir le courage daffronter un face à face pour se lentendre dire de vive voix.
La suite logique de tout ce processus en cours serait tout dabord et comme par enchantement une néo-reconnaissance des F.L. par un décret quelconque avec pour chef le Général F. Malek évidemment et pour le seconder tout satellite gravitant en orbite serrée autour du pouvoir. Ensuite moult promesses électorales seront plus ou moins couronnées de quelques sièges parlementaires et plus si affinité ou servilité. Entre temps les réfractaires nauront droit quà une prolongation du séjour en oubliette. Ainsi le pouvoir, riche de son expérience du dépeçage du parti Kataëb, reproduira le modèle au sein des F.L. rendant les 2 plus grands représentants des courants chrétiens opposants tout aussi impuissant lun que lautre minés par des guerres intestines inextricables. Au-delà le pouvoir pourra se targuer don ne peut plus démocratique sur la base dune représentativité factice des plus loyalistes des opposants au cur de ses rouages politiques.
Les «Zoopyres» ont fait
le gros du lot des partis de lopposition. Tous ont, à peu de chose près, excellé
dans leur rôle hormis le Général, novice encore, qui fait piètre figure. Il na
pu et ne pourra nous faire avaler la couleuvre. Si le dessein que chérit le Général est
un poste clef dans létat, plus efficace serait une autre méthode qui a fait
recette chez les prétendants antérieurs : celle de jurer allégeance devant les
grands de la cour léchine courbée et genou à terre. Si par contre il brigue le
« leadership » chrétien sous le couvert des F.L. et en remodelant les
principes pour les aligner sur ceux du pouvoir, il serait absurde quil galvanise le
peuple beaucoup plus que les copies originales en cours sur le marché politique local.
Létat na pu occulter le symbole des F.L. et ne pourra mettre en place que le
chef dune enseigne qui ne cessera de renforcer le souvenir de Samir Geagea.
Beirut 19.7.01
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